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Mon bazar intérieur






Nous vivons dans des sociétés de plus en plus aseptisées. Tout est en ordre, tout est à sa place. Comme si le bonheur en avait quelque chose à faire du bruit et du désordre. Alors on s’incline, et on intègre malgré nous ces injonctions stupides. Ces phrases sans sens qui te poussent à endosser en permanence l’image de la petite fille sage, ou du petit garçon parfait. Et on grandit, avec cette idée irréelle que la vie c’est cela : des masques, et une recherche de perfection.


Des sourires figés, une posture droite, et des vêtements toujours repassés, et une mine toujours reposée. Une maison ordonnée, et un jardin carré et entretenu. Et dans ce monde de verre, nous grandissons, et nous devenons des adultes biberonnés aux idéaux et à l’illusion. Sourire. Toujours. Douter. Jamais.


Rester dans la matrice, sans se poser de questions. Alors, on essaye, parce qu’après tout, on n’a pas envie, nous, de mal faire, de décevoir. On essaye de toutes nos forces. On voit bien qu’on s’abime, mais on continue, car on ne connait que cela. L’amour transactionnel ou la perfection est le seul gage d’être aimé.e, valorisé.e, accepté.e.


Et puis un jour on se réveille, et on a 30,40, 70 ans et on se rend compte qu’on a plus la force de sourire, plus l’envie de faire semblant. On veut démissionner de la compagnie, et quitter la pièce, mais on se rappelle que c’est nous qui jouons le premier rôle. Alors on se raisonne à coups de “tu ne peux pas faire ça” “fais un effort”“après tout, tu as tout pour être heureux.se”.
En fait, je suis fatiguée du script, de la mise en scène. Lassée des décors, et des doublures. Alors, j’arrête. L’optimisme à tout prix, les sourires en chaque seconde. Parce que la vie c’est tellement plus que cela. C’est tellement plus qu’un rôle à jouer. Ou un texte à répéter. Parce que la vie, elle ne te demande rien. Elle ne t’impose pas la tyrannie d’une perfection. Elle t’aime c’est tout.

Et avec toi, elle l’aime ce bazar intérieur que tu trimballes depuis des années. Alors, fais-lui confiance. Tu n’as plus besoin de feindre ou de faire semblant. Tu peux te contenter d’ouvrir les bras et te laisser emporter dans son sillon, dans sa magie. Sans chercher à tout mettre dans une case. Sans recréer une illusion. La vérité c’est que cela te donnera peut-être le tournis, et tu te sentiras peut être déboussolé.e. Parce que oui, ça fait peur. Ça fait mal aussi. Et qui serait assez maso pour aimer la tristesse, et faire entrer chez soi la colère ? Qui serait assez fou, pour tout ressentir, tellement plus fort, et tellement plus profondément ?


Parce qu’après tout, elle est tellement cette vie-là. Tellement intense. Tellement belle et sombre à la fois. Tellement puissante. Tellement imprévisible. Réelle et irréelle à la fois. Alors oui, il faudrait surement être fou pour se permettre de la vivre pleinement, cette vie, qui se joue de nous et de nos tours de verres. Cette vie qui fait naitre tous nos rêves, et chacun de nos désirs. En qui attend, silencieuse, pour voir si l’on aura le cran et la folie d’en réaliser quelques-uns.


Mais je crois que les défis m’animent, et l’audace m’habille.

Alors, j’envoie valser l’indifférence, la bienséance. Je prends par la main la tristesse et la joie en même temps. Je prends dans mes bras la colère et la fierté, simultanément.


J’embrasse mon bazar intérieur, et j’ouvre la porte pour aller à la rencontre de cette vie qui n’a qu’une seule envie : m’aimer dans mon unicité, dans ma plus belle authenticité.



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